COMMENT PLANTER UN ARBRE FRUTIER?
Le choix de l’endroit et de l’arbre
Choisissez un emplacement bien ensoleillé : La plupart des arbres fruitiers ont besoin de beaucoup de soleil pour une croissance saine et une production de fruits abondante, surtout les abricotiers, pêchers. Si vous manquez de place, réservez les endroits moins favorisés aux pommiers et poiriers.
Évitez les vents forts : Les vents violents peuvent endommager les jeunes arbres fruitiers. Plantez-les à l’abri des vents dominants si possible.
Assurez un bon drainage : Évitez les zones où l’eau stagnante peut s’accumuler, car un drainage médiocre peut causer des problèmes de pourriture des racines. Reportez-vous au paragraphe « préparation du sol ».
Dans la mesure du possible, ne replantez pas au même endroit une espèce fruitière identique. Mieux, remplacez une espèce à pépins par une espèce à noyaux et vice-versa.
Apprenez à connaître votre sol, repérez les variétés qui poussent bien dans les jardins voisins : sont-elles saines ? productives ? les dimensions de l'arbre adulte conviendront-elles dans votre jardin? Ne faites pas un caprice sur une variété déterminée si elle ne convient pas à votre situation. Tout professionnel compétent pourra vous conseiller sur les variétés et porte-greffes adaptés. La meilleure variété est celle qui est adaptée à votre climat et votre sol : satisfaite des conditions naturelles, elle vous demandera moins de suivi et fournira des fruits plus savoureux.
Si vous devez planter dans un endroit mal exposé (peu ensoleillé, exposé aux vents froids), préférez une variété pas trop tardive afin que les fruits puissent mûrir avant les baisses de température en automne, surtout en montagne. Pas trop précoce non plus en raison des gelées printanières sur les fleurs qui compromettraient la mise à fruit.
Prévoyez un espace suffisant entre les arbres: 4m est un minimum pour des sujets à petit ou moyen développement; 5m et plus pour de grands sujets. Informez-vous auprès du pépiniériste au moment de l'acquisition.
La préparation du sol
Un sol idéal est constitué d’argile, de silice (sable) et de calcaire en proportions convenables.
Bien souvent, il y a prédominance plus ou moins forte d’un ou deux de ces 3 éléments. Que faire en cas de déséquilibre important ?
Sol argileux : ajoutez un peu de sable - un peu seulement, voire pas du tout si très argileux (le but n’est pas de couler une chape de béton !) et beaucoup de compost ou fumier bien mûr et décomposé. Faites le trou de plantation le plus large possible. Le chaulage en surface est possible mais son dosage est délicat. Un léger saupoudrage à répéter tous les 2 ou 3 ans, pas plus (la chaux détruit beaucoup de micro-organismes – les bons comme les mauvais- et empêche l’assimilation de l’azote.
Sol sableux et trop filtrant : rajoutez de l’argile en poudre à du fumier ou compost bien mûr
Sol très calcaire : apportez un peu d’argile en poudre, un peu de sable et du fumier ou compost décomposé.
Sol acide: ajoutez de la dolomie (calcaire broyé avec magnésium), lithothamne (algues), argile en poudre.
Dans tous les cas, enrichissez le trou avec du compost bien mûr (jamais de fumier frais dans le trou de plantation). L'ajout de foin est également bénéfique.
La préparation de l’arbre : habillage et pralinage des racines
L’habillage consiste à tailler les racines abîmées ou trop longues par rapport au trou de plantation pour équilibrer le système racinaire. Les fines radicelles appelées chevelu peuvent être taillées d’un petit cm, pas plus. Ayez la main très légère.
Le pralinage = un petit geste pour de grands bienfaits. Ne le négligez pas !
Dans un récipient suffisamment grand pour y tremper les racines, préparez un mélange de terre, argile (sauf si votre terrain est déjà très argileux), de bouse de vache ou de compost mûr et ajoutez de l’eau pour obtenir la consistance d’une pâte à blinis (plus épaisse que la pâte à crêpe). Laisser tremper vos racines plusieurs minutes. Astuce : si votre récipient n’est pas assez grand, badigeonner soigneusement les racines avec un pinceau pas trop gros pour atteindre les petits interstices.
Le pralinage permet d’éviter les poches d’air qui peuvent se former autour des racines au moment de la plantation, réduit le stress de l’arbre dû à sa transplantation et favorise la formation du chevelu racinaire (l’ensemble des nombreuses petites racines qui portent des poils par lesquels la plante capte les éléments nutritifs et l’eau).
*** Si vous ne pralinez pas les racines, surtout si vous avez acheté votre arbre par correspondance, faites tremper les racines au moins une vingtaine de minutes dans l'eau avant plantation. Si de la terre est restée collée aux racines, ne l'enlevez pas.
La mise en jauge (en attente de plantation)
Si vous ne pouvez pas planter vos arbres de suite après les avoir achetés, placez-les en jauge, en recouvrant bien les racines soit de terre soit idéalement de sable (car il va bien protéger les racines en s’infiltrant partout) et maintenir le tout humide et hors gel. Si de fortes gelées sont annoncées, placez au-dessus du sable un voile de forçage ou une toile car le sable humide peut geler.
La plantation proprement dite
Préparez le trou de plantation.
Règles de base :
1°) Creuser un trou deux fois plus large que les racines de l’arbre et également plus profond que les racines.
2°) Ne pas mélanger la terre fertile de surface (sur les 20 à 30 premiers cm) avec celle -moins riche- du fond du trou. Mettre de côté la terre de surface et travailler sans la retirer la terre du fond pour la décompacter et l'amender avec compost, fumier, terreau de feuilles, etc. Replacer la terre de surface dessus autour des racines.
Plus le terrain est difficile, plus le trou devra être grand et amendé (voir section sur la préparation du sol). Dans un bon sol, un trou profond de 40/50 cm suffit. Dans le cas contraire, comptez une profondeur minimale de 60/70 cm et en conséquence une surface d’au moins 80 cm sur 80 cm.
Attention !: faire un trou profond ne signifie pas de planter profond. Le point de greffe doit toujours se trouver au-dessus du niveau du sol, d’au-moins 3 ou 4 cm. Avant d’installer l’arbre dans le trou, remplissez celui-ci de terre mélangée au compost de sorte que le collet de l’arbre reste au-dessus du niveau du sol quand vous l’installerez dans le trou.
► Dans les terres fortes ou les endroits ombragés, on plante moins profondément que dans les terrains très ensoleillés et brûlants.
Disposez les racines de manière à les étaler sans qu’elles ne se replient ni ne se redressent.
Ménagez une cuvette comme indiqué ci-dessus pour optimiser les arrosages.
Si vous avez bien travaillé le trou de plantation, votre arbre descendra dans le sol avec le tassement de la terre. Aussi, privilégiez une plantation sur butte comme sur le croquis ci-dessus: les racines les plus hautes au niveau du collet (jonction entre le tronc et les plus hautes racines) dépassent de 2 /3 cm du niveau du sol et buttez ensuite pour les recouvrir de terre, en prenant soin de laisser le point de greffe dégagé. La plantation sur butte est très intéressante en terrain lourd, humide.
Dans les terres légères ou sableuses, on peut fouler assez fortement la terre au pied de l'arbre nouvellement planté.
Dans les terres fortes, argileuses, il ne faut pas tasser la terre car sa surface deviendrait compacte empêchant la pénétration de l’air et de l’humidité. Dans ce dernier cas, arroser abondamment et laisser la terre se tasser naturellement avec l’infiltration de l’eau d’arrosage.
Il est fortement déconseillé de planter dans un sol humide et compact ou en période de gel. Si vous êtes vraiment obligés de planter alors que des gelées sont annoncées dans les jours qui vont suivre, pralinez les racines et n’arrosez pas le jour de la plantation. Attendez que les gelées soient passées pour arroser copieusement. Si par extraordinaire, le gel devait durer plus de 10 jours, il vaut mieux placer l’arbre en jauge et attendre des jours meilleurs.
N'oubliez pas de placer un tuteur surtout en cas d’exposition au vent en veillant à faire un lien qui ne blessera pas le tronc. Pour éviter de blesser des racines, positionnez-le dans le trou avant d'installer les racines dans la partie fertile de la terre: vous visualiserez mieux où l’enfoncer.
Appliquez un paillis organique (comme de la paille ou des copeaux de bois) autour de la base de l’arbre (en laissant un peu d’espace autour du tronc) pour aider à conserver l’humidité, réduire la pousse des mauvaises herbes et maintenir une température du sol stable.
Si vous avez des rongeurs dans votre verger, passez régulièrement au pied de vos arbres pour vérifier la présence éventuelle de galeries: si le sol s'enfonce beaucoup, semble tout mou, tassez avec les pieds. Arrosez ensuite abondamment. Cela va gêner les rongeurs. Faites cela régulièrement, surtout la première année année (mais n’arrosez pas non plus abondamment tous les jours !!). . Vous pouvez aussi ajouter du tourteau de ricin dans votre trou: c'est un bon engrais utilisable en agriculture bio, réputé pour éloigner les campagnols. ATTENTION toutefois: l'effet répulsif ne dure que quelques mois et SURTOUT, si vous avez des animaux domestiques, enfouissez-le bien en profondeur, sans égarer des granulés à la surface: les chats et surtout les chiens pourraient l'ingurgiter: c'est un toxique pour eux, mortel selon la quantité avalée. Prudence donc !
En parlant d’animaux, pensez à protéger le tronc des attaques de lapin, chevreuil…avec un filet de protection ou tout autre dispositif à l’efficacité reconnue.
Pour finir, faites un plan de votre jardin : les étiquettes ne sont pas éternelles !! Notez également le nom du porte-greffe pour vous orienter dans vos choix futurs. Si votre arbre peine dans votre jardin, changez de porte-greffe la prochaine fois.
Tailler ou ne pas tailler à la plantation
Je vais vous parler ici de la taille de formation du tout début. Je reviendrai sur la taille de formation des premières années dans un autre article.
La taille de fructification, quant à elle, intervient au bout de 3/5 ans environ selon les espèces fruitières et a pour but d’équilibrer la quantité d’organes à bois par rapport aux organes à fleurs et d’éviter le phénomène d’alternance de production.
Plusieurs écoles « s’affrontent » sur le sujet de tailler ou non dès la plantation.
Appliquons d’abord une règle de bon sens : Il est bon de faire subir aux branches une réduction proportionnelle à celle que l’on a fait subir aux racines lors du déterrage ou de l’habillage, surtout pour des sujets de deux ans et plus.
Pour les scions d’un an, sur pêcher et cerisier, particulièrement si vous souhaitez former des charpentières très basses, il faut tailler l’année de la plantation car l’année suivante, les yeux qui n’auront pas donné de pousses vont le plus souvent s’annuler et vous n’aurez plus la possibilité de démarrer des charpentières basses.
Pour les autres essences d’une année, (pommier, poirier, cognassier, nashi, abricotier, prunier), vous pouvez épointer l’arbre à la hauteur désirée pour les futures charpentières. Dans ce cas, pour le pommier et surtout le poirier qui a un port colonnaire, il faudra l’année suivante reformer une flèche bien droite pour former un tronc vigoureux. Pour ma part, je préfère attendre l’année suivante, sauf si le système racinaire a été fortement réduit lors du déterrage : dans ce cas, je réduis également la partie aérienne de l’arbre.
Pensez que plus vous taillerez court le tronc, plus les futures charpentières seront placées bas, ce qui pourrait vous gêner ensuite pour circuler et travailler autour de l’arbre.
BONNE PLANTATION !!